Nous avons pu enfin voir la dernière grosse production de Steven Spielberg, Ready Player One. Voici notre critique garantie sans spoiler.
L’histoire se passe en 2045 dans un monde laissé à l’abandon. Pour fuir la dure réalité, la majorité de la population se réfugie dans l’OASIS, un univers virtuel créé par le légendaire James Halliday (Le Steve Jobs des années 2020). A sa mort, ce dernier lança un concours dont le gagnant recevra la propriété de l’OASIS ainsi que toute sa fortune. Pour cela, le joueur devra trouver l’Easter Egg dissimulé dans le jeu. Notre héros, Wade, cherche comme tous les joueurs un moyen de mettre la main sur ce précieux trésor dans un monde virtuel aussi impressionnant que passionnant.
Pour ne rien vous cacher, nous étions extrêmement dubitatifs sur ce film et son melting-pot pop-culturel. Nous avions surtout peur de l’overdose de références de films/jeux/livres/musiques des années 80 à nos jours, le tout saupoudré de caméos vidéoludiques putassiers. Sans oublier du deus ex machina à gogo du genre : « on s’en fou c’est un jeu video ». Mais autant cracher le morceau dès maintenant, Ready Player One est une réussite.
Le film nous transporte pendant plus de 140 minutes dans un des plus grands hommages aux jeux vidéo, au cinéma et plus globalement à la culture des années 70 à aujourd’hui. L’histoire, bien que prévisible sur les grandes lignes (gentils et méchants identifiables dès les premières minutes), reste très agréable et parfaitement rythmée. Alors oui, si vous attendez des clins d’oeil aux jeux vidéo et films cultes des trente dernières années, vous allez être servis. Cependant, ces derniers sont placés de façon intelligente et ne parasitent en rien le déroulement de l’histoire. Plus fort encore, ils accompagnent de façon très astucieuse nos héros.
Côté casting, un quasi sans faute. Hormis les deux héros interprétés par Tye Sheridan (Xmen Apocalypse) et Olivia Cooke (Bates Motel), nous avons apprécié de retrouver Ben Mendelsohn (Star Wars : Rogue One) dans le rôle du méchant. Un véritable « méchant de film », comme on en retrouve trop peu aujourd’hui, aussi machiavélique que touchant (pour ne pas dire pathétique & sympathique). Il est d’ailleurs accompagné d’Hannah John-Kamen qui excelle, elle aussi, dans son (second) rôle de « bad guy ». Détail intéressant, cette fameuse actrice avait joué dans un épisode de Black Mirror (saison 3 épisode 2 ndlr) où le héros s’essayait à des jeux en réalité augmentée. Cette belle « coïncidence » résume parfaitement comment Ready Player One use des différents éléments de notre pop-culture dans le film. Au lieu de nous les lancer au visage, il les utilise avec parcimonie et habileté. Et il vous faudra très certainement plusieurs visionnages pour y remarquer tous les détails et en saisir tous les hommages.
Clin d’œil d’actualité aux jeux vidéo
Le monde virtuel de Ready Player One, l’OASIS, est présenté comme un jeu vidéo gratuit où chaque joueur peut s’amuser à travers de nombreux mini-jeux. Ils peuvent également s’offrir des bonus (skin, armes véhicules et autres) pour en équiper leur avatar. Pour cela les joueurs ont le choix entre jouer pour gagner des pièces d’or (monnaie du jeu) ou … payer (avec de l’argent réel) et accéder directement à ces bonus. Il y a donc une opposition de « classe sociale » entre ceux qui jouent – ou mods – pour accéder aux bonus (classe populaire) et ceux qui n’hésitent pas à passer à la caisse (classe bourgeoise).
On retrouve ici un clin d’oeil au modèle Free to play qui pullule dans nos jeux vidéo actuels. Une réalité et un bad buzz qui a coûté le succès du dernier Star Wars Battlefront d’EA avec ses lootboxes. Encore une référence que nous passerons de vous expliquer pour vous éviter tout spoil du film.
Pourquoi c’était pas gagné ?
Tout d’abord, il s’agit de l’adaptation du roman d’Ernest Cline « Player One » sorti en 2011. L’ouvrage présentait une histoire fade ne servant que de prétexte à étaler la culture geek de son auteur jusqu’à l’overdose. De celui-ci Spielberg en a conservé l’ADN pour y ajouter sa propre vision. Well done.
Ensuite, ce n’est un secret pour personne les jeux vidéo et le cinéma font généralement mauvais ménage. On ne compte plus le nombre de navets issus d’adaptation de la sorte. Imaginez notre crainte après avoir vu la bande annonce. Mais pas ici, le film utilise des références vidéo-ludiques pour donner un sens et du rythme au scénario. Elles ne sont pas l’histoire mais servent l’histoire.
N’allez pas voir le film si …
Vous n’aimez pas du tout les jeux vidéo. Alors, nous n’allons pas vous mentir, Ready Player One s’adresse avant tout à un public un tantinet ouvert sur l’univers geek, cinéphile et jeux vidéo. Bien qu’il explique parfaitement les bases de l’univers dans sa première partie, l’histoire s’axe selon les règles basiques d’un jeu vidéo. Des règles et un rythme qui peuvent sérieusement rebuter certains spectateurs. Sans oublier qu’occulter toutes les références pop-culturelles du film vous priverait de toute son originalité.
Nous décernons à
Ready Player One
la note de 5 sur 5
Même s’il ne s’adresse pas à tous, Steven Spielberg nous sert ici un film culte qui ravira des générations de geek de 7 à 77 ans. Un divertissement à aller voir en famille, avec ses amis et que l’on reverra volontiers tous les ans durant les fêtes de Noël entre deux « Maman j’ai raté l’avion » & « Retour vers le Futur ». Du culte on vous dit.