Agony : projet Kickstarter lancé en 2016, avec à sa tête MadMind studio, créé pour l’occasion par Tomasz Dutkiewicz. Ce survival-horror a pour but de nous offrir une virée dans un enfer torturé, angoissant et dérangeant à souhait. Le studio Polonais lance un financement participatif et dès lors, l’équipe nous met le sang à la bouche… Le projet remplit largement sa campagne (182642$ pour 66666$) et le chantier commence. Alors, après ces deux ans de développement, réelle agonie ou petite hémorragie ?
Apocalypse, profondeurs et tortures
Dès le premier temps de chargement, le ton est donné… Ici, pas d’astuces ou autres rappels de touches, mais des passages de textes religieux et une frise jonchée de cadavres mutilés qui se calcinent à l’avancée de celui-ci ; charmant. Une brève cinématique nous explique que nous sommes morts, en enfer et que notre seul espoir de nous en sortir est de trouver la déesse rouge. C’est parti. Le studio semble vouloir rester vague sur l’histoire afin que nous puissions la découvrir par nous-même. On se familiarise vite avec les touches, il y a très peu d’action : courir, s’accroupir, ramasser des objets et retenir sa respiration. Agony pose les bases avec une atmosphère pesante parsemée de morbide ; on sent que la tâche va être ardue.
Première porte, première énigme ! On est bien dans un survival-horror : avancer ne sera jamais facile… Il faudra collecter divers objets, chercher des signes pour ensuite les peindre avec du sang… Pour vous aider, vous avez la possibilité de faire apparaître un orbe qui vous indique le chemin, mais en nombre limité. Des salles de sauvegarde seront à activer et elles ne fonctionneront plus toutes les trois morts, il faudra alors les réactiver. Dans le cas contraire, retour au checkpoint précédent. Vous êtes prévenus : Bienvenue en Enfer.
Bien entendu, les développeurs ont intégré un système pour échapper à la mort : quand elle survient, vous prenez la forme d’une âme et pouvez prendre possession des martyrs à votre portée. Pensez à bien les repérer sur votre chemin car la distance que vous pouvez parcourir dans cet état est là encore une fois limitée. Les screamer ne sont pas trop présents et bien pensés.
Les énigmes sont trop simples et répétitives. On peut désactiver les limitations d’orbes et sauvegardes dans les options du jeu, et c’est tant mieux car le système s’avère frustrant.
Agony « Long et dur est le chemin qui de l’enfer conduit à la lumière »
Un level design claustrophobique pour une réalisation angoissante. Tout ici suinte, respire la souffrance et la folie… Le titre porte bien son nom. Des niveaux sinueux aux chemins multiples, à vos risques et périls. Les développeurs ont précisé qu’ils ne donnaient pas de limites à leur imagination. On parcourra des salles jonchées de cadavres, de scènes apocalyptiques, de personnes vouées à la damnation éternelle et bien plus… Nudité et gore sont des choses auxquelles vous devrez être préparés en jouant à Agony. Par exemple : vous serez amenés à voir des hommes entièrement nus crucifiés ou encore d’autres fabriquant des murs avec des bébés à tête d’adultes (oui-oui) en guise de ciment, mignon !
Les inspirations religieuses et artistiques ne manquent pas, la plupart des créatures que vous rencontrerez ressemblent à des cadavres exquis.
Certains endroits vous permettent de marcher verticalement, voire à l’envers. Ces phases auraient pu être intéressantes mais ne s’avèrent être qu’un effet de style où nous n’avons rien à faire à part avancer bêtement.
On arrête vite d’être curieux sur les scènes présentées une fois passé le niveau 1, le jeu mise sur de la surenchère gore plutôt que d’essayer de se montrer artistique sur la durée.
La discrétion et la furtivité sont de mise ici. Vous n’avez pas d’arme, même les torches, que vous pouvez trouver sont à double tranchant car elles attirent les monstres. Vous cacher et retenir votre respiration sera votre meilleure option.
À noter que vous pourrez faire progresser votre personnage. Un arbre très simple de compétences est mis à votre disposition : 3 axes principaux pour améliorer le bruit que vous faites, le temps durant lequel vous retenez votre respiration et une meilleure résistance aux attaques. Vous devrez trouver des fruits défendus à l’allure pour le moins incongrue afin d’utiliser un point dans une desdites compétence.
On regrette certains pattern d’ennemis qui sont souvent sans queue ni tête. On aurait apprécié que le bestiaire soit plus varié, humains comme démons. Mais le problème principal réside dans le fait que souvent on ne voit rien, l’effet de flou étant trop fort à partir de quelques mètres, on aura tendance à monter la luminosité de l’écran, ce qui casse l’ambiance.
L’Unreal Engine 4 n’est pas optimisé : aliasing, clipping, textures variables et quelques chutes de framerate sont à prévoir. Heureusement que le jeu possède une bonne atmosphère pour rattraper un peu le tout, mais qu’on se le dise, ça pique les yeux.
Nous espérons que le studio délivrera rapidement des patchs pour corriger ces défauts.
Mention spéciale pour les ambiances sonores qui sont une vraie réussite. Cet écho omniprésent dans tous les bruitages donne une réelle sensation d’éternité abyssale. L’atmosphère vous laisse (presque) nauséeux quand vous sortez d’une partie. Le casque et une salle plongée dans le noir sont de rigueur pour une immersion totale.
Dommage, là encore pas mal de soucis techniques : des scripts se répètent ou pire, ne se lancent pas…
Une production triple 6
Malheureusement le soft souffre d’un manque évident de finitions… Lors du test, blâmer MadMind studio pour des détails aurait été de mauvaise foi car le temps de développement pour accoucher d’Agony n’était pas énorme (2 ans) avec une équipe seulement composée de 9 personnes. Mais le constat est là : finir dans les murs, les problèmes de doublage, lancements de scripts… L’accumulation de ces bug finissent par réellement nuire à l’expérience.
De plus, au cours de l’aventure, un chargement a planté, et dès lors… impossible de relancer la partie… On a eu beau tout faire, le titre ne voulais plus rien savoir. Reste à espérer que nous avons eu un cas isolé. Un Far Cry 2 bis serait malvenu… mais si ! (Rappelez vous du bug des 73% !… ndlr) Une nouvelle partie a été relancée et le problème est survenu une deuxième fois au même endroit. C’est la bête noire de ce Agony, il ne brille pas par son optimisation.
Vous comprendrez donc qu’il est difficile de parler de l’évolution de l’histoire et des personnages ainsi que de la fin du jeu… Des fins du jeu d’ailleurs, car les succès indiquent qu’il y en a plusieurs ! Dommage…
Pour finir, sachez que vous avez 3 modes de jeu :
– Le mode « histoire » réparti sur 4 niveaux. En plus de l’objectif principal, vous pouvez y dénicher des secrets, collectibles et bonus. À la fin de chacun d’entre eux, un tableau récapitule vos faits.
– Le mode « agonie » : sorte de mode « challenge » qui vous met au défi d’aller le plus loin possible dans un niveau généré aléatoirement avec une difficulté grandissante au fur et à mesure. La mort arrête la partie.
– Le mode « succube » vous propose d’incarner une…succube. Pour garder le contrôle de la créature, il vous faudra terrasser les martyrs durant votre quête.
Agony montre une vision de l’enfer intéressante et peut par moments faire ressentir la damnation à son paroxysme. Les bruitages sont particulièrement réussis : plaintes, pleurs, cris, râles… On recommande une immersion totale dans le noir et au casque pour la sensation d’echo, superbe idée.
Cependant ne vous attendez pas à une révolution coté gameplay car nous sommes dans de l’horreur old-school et les mécaniques ainsi que les graphismes sont d’un autre temps. Le jeu sait se montrer dérangeant, à peine angoissant mais certainement pas terrifiant.
En plus de tous ces défauts inhérents au jeu il y a ces satanés bug… difficile de juger positivement avec ça. L’équipe de MadMind studio étant consciente du problème, espérons que leurs correctifs seront efficaces rapidement.
Pour conclure, on aura davantage la sensation de s’être fait un petit bleu qui passera en quelques jours que la réelle révolution horrifique qu’on nous avait promis.
LA NOTE DU CRASH TEST DE AGONY SUR XBOX ONE EST DE 10€
Le patch day one nous a permis de reprendre notre partie où nous l’avions arrêtée et a corrigé certains problèmes sonores. Il reste encore un bout de chemin avant que le titre soit optimisé complètement. Par contre pour ceux qui ne possèdent pas de connexion internet et qui comptent prendre le jeu en version boîte, passez votre chemin… c’est un 0€ pointé sans les mises à jour.
Mais qu’est ce qu’un Crash Test ? Contrairement aux nombreux tests que l’on peut trouver, la note finale est donnée à travers un prix d’achat conseillé. Partant du prix de vente neuf constaté (34,99€ dans le cas de Agony), Crash Test tacle là où ça fait mal et vous donne la véritable valeur d’un jeu. Pourquoi payer trop cher ses jeux vidéo ?