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[Critique] Get Out : Un thriller efficace et brillant

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Après son buzz outre atlantique, il débarque en France. Get Out est-il vraiment le thriller de l’année ? Le racisme est-il l’unique moteur du film ? Voici notre verdict.

Get Out est un film Américain écrit et réalisé par Jordan Peele, humoriste reconnu mais « novice » du septième art, notamment en tant que réalisateur. Nous suivons ainsi les aventures de Chris, jeune photographe, invité par sa copine, Rose, à passer un week-end chez ses parents, Dean et Missy Armitage. Etant afro-américain, le jeune homme s’inquiète de la réaction de ses « beaux-parents » blancs, face à leur union. C’est donc sous cet angle que le film débute. Le bon vieux rendez-vous familial placé sous le spectre du racisme, avec ses malaises, ses tensions ouvrant la porte à de nombreuses scènes cocasses et mystérieuses.

Get Out

Très bien rythmé, Get Out nous livre une première partie sous le signe du suspense. Le spectateur est placé à travers les yeux du héros, Chris, ainsi une véritable empathie se crée avec lui. Très rapidement ses beaux-parents passent d’un comportement excentrique à gênant. Plus troublant encore, les domestiques – également afro-américains – se comportent, selon Chris, comme à une « époque révolue » (Esclavage / temps des plantations). La situation empire lorsqu’il se sent traité comme une vulgaire pièce de viande, au cours de la garden party familiale. Cela sans avoir idée de ce qu’il se trame dans son dos, ni les horreurs qui l’attendent. N’allons pas plus loin côté histoire, pour éviter tout spoil sur le film.

Cette « petite production » (un budget de 5 millions ndlr) impressionne de par sa mise en scène brillante, nous faisant passer par l’angoisse, le stress, le rire, sans oublier la peur. Il est important de noter qu’il s’agit plus d’un thriller bien ficelé, que d’un simple film d’épouvante-horreur. Vous vous interrogerez plus sur le destin du héros que vous ne sursauterez aux jumpscares présents dans le film. Nous pouvons donc dire que Get Out nous sert un délicieux cocktail d’émotions enrobé par un scénario simple mais très bien amené. Cela en fait un véritable classique du genre (Note PopCornGame : 5/5).

Une double lecture brillante ! [Spoilers à suivre]

Get-Out

Le plus grand point fort du film est sa capacité à manipuler le spectateur en le plongeant littéralement dans le corps du héros. Comme le présente l’affiche, nous suivons le déroulement du film littéralement à travers les yeux de Chris. Dès le début, ce dernier justifie chaque événement bizarre par un racisme évident. Il entraine avec lui les spectateurs dans son appréhension à rencontrer ses beaux-parents blancs, sa réaction à l’encontre des autres afro-américains « bizarres », jusqu’aux événements tragiques qui suivent. En restant figé sur cette idée, Chris place le spectateur dans sa lecture du film où le racisme y tient une place centrale. Mais est-ce vraiment la seule lecture que l’on peut faire de Get Out ? Non et c’est ce qui est très fort.

Pour revenir à l’histoire, Chris découvre que ses beaux-parents hypnotisent de jeunes afro-américains pour les lobotomiser et les revendre à de riches blancs. Le plus horrible est qu’ils se servent d’eux pour transférer leur esprit et ainsi vivre une seconde jeunesse, à travers le corps de ces « beaux et bien portants » afro-américains. Cerise sur le gâteau, la bien aimée de Chris, Rose, s’avère être la sexy rabatteuse de ce sordide marché noir.

C’est là que le film se révèle très brillant. Nous sommes tout d’abord soumis au regard et préjugés du héros et donc sous le spectre du racisme. Cependant après une première lecture du film, rien n’avance clairement que les grands méchants sont « racistes ». En effet, les victimes semblent être jusqu’à présent des afro-américains mais cela n’est pas forcément le critère principal de sélection.
Pour étayer cela, plusieurs éléments entrent en compte. Tout d’abord, les parents et les amis de la famille, que Chris croise, ne semblent pas du tout gênés par sa couleur, bien au contraire. Egalement, ils l’admirent pour ses qualités, certes stéréotypées, d’afro-américain (Athlète, « bien portants », forts etc). On ressent même une empathie, certes maladroite, lorsqu’ils lui posent des questions sur sa vie d’homme de couleur aux US, son travail etc. On peut également noter quand, au début du film, Rose prend violemment (et sincèrement) la défense de Chris face à un policier faisant un « excès de zèle » limite.
Enfin, lorsque l’on voit Rose – la rabatteuse de la famille – faire la recherche de sa future proie sur internet. La jeune femme tape « Athlète Universitaire » dans la barre de recherche, pour ensuite faire sa sélection. Certes de nombreux afro-américains sortent du lot, mais la couleur n’est pas l’objet principal de sa recherche.

Ces deux points nous prouvent qu’une seconde lecture du film est possible. Le plus brillant est que les deux restent possibles et cohérentes, autant l’une que l’autre. Le racisme est un axe très fort dès le début et peut justifier l’ensemble du déroulement du film. Mais lorsque l’on arrive à la fin de cette histoire macabre, on peut se poser la question des réelles motivations de la famille Armitage.
Recherchait-elle uniquement des hommes bien portants ou juste des hommes noirs ? Get Out vous laisse ainsi le choix. Mais sachez qu’avec ou sans racisme, l’issue reste la même pour les victimes.

Note PopCornGame 5/5

 

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